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Âge de la retraite : C’est le travail des seniors qui crée l’emploi des jeunes

Syntec Conseil-Recrutement - 20/07/2021
Source : Fondation Concorde

Les économistes de la Fondation Concorde, le Think Tank dédié à la croissance, la compétitivité et l’emploi, ont publié une analyse découlant d’une étude empirique qu’ils ont menée, où ils dressent plusieurs constats qui mettent en lumière l’apport du travail des seniors pour une économie.

Analyser l’impact de l’activité des seniors sur le chômage des jeunes

Le taux d’emploi est la proportion de personnes disposant d’un emploi parmi celles en âge de travailler. C’est un indicateur dont on ne parle jamais, mais qui est beaucoup plus pertinent que le taux de chômage pour mesurer la capacité d’une société à fournir un emploi à ses membres. En France, il est inquiétant car il est inférieur de 10 points aux autres grands pays.

Cette faiblesse de notre taux d’emploi résulte pour une part importante de la faible activité des seniors français.

Il est donc particulièrement important d’analyser l’impact de l’activité des seniors sur le chômage des jeunes pour savoir si les seniors actifs prennent le travail des jeunes, comme certains l’affirmentL. C’est exactement ce qu’ont fait les économistes de la Fondation Concorde en menant une étude empirique en répartissant les pays de l’OCDE en trois groupes, selon leur taux d’activité des seniors (55-64 ans), afin de les comparer en termes de chômage des jeunes et plus globalement de création de richesse.

Constats de l’étude

De cette étude découle plusieurs constats qui mettent en lumière l’apport du travail des seniors pour une économie:

  • Contrairement à une idée reçue, les seniors actifs ne prennent pas l’emploi des jeunes. C’est même l’inverse : il y a un effet d’entraînement du fort niveau d’emploi des seniors actifs sur l’intégration des jeunes sur le marché de l’emploi.
    Le taux de chômage moyen des jeunes est de 21,5% dans les pays où le taux d’emploi des 55-64 ans est inférieur à 60%, il n’est plus que de 11.7% dans les pays où le taux d’emploi des 55-64 ans est supérieur à 70%.
  • Les pays où les seniors et les jeunes sont au travail ont un PIB par habitant supérieur de 76% : le PIB par tête (en dollar) pour les pays avec un taux d’emploi des seniors inférieur à 60% est de 30 000$ par habitant, ceux avec un taux d’emploi des seniors entre 60% et 70% de 41 000$ par habitant, et ceux avec un taux d’emploi des seniors supérieur à 70% de 53 000$ par habitant.

En synthèse, la Fondation Concorde établit, études internationales à l’appui, que le fort taux de seniors actifs fait chuter le chômage des jeunes, avec à la clé un niveau de vie de 76% supérieur dans les pays leaders de l’étude.

Comment expliquer cette dynamique de l’emploi dans laquelle, le travail crée le travail?

Lorsque moins de personnes travaillent, cela signifie que ceux qui travaillent doivent subvenir aux besoins des nombreuses personnes inactives de leur pays. 10 points de taux d’emploi en plus en Allemagne ou en Suède qu’en France signifie qu’il y a 15 % de travailleurs en moins dans l’hexagone. Une charge considérable repose ainsi sur les épaules de chaque travailleur français, qui doit financer les inactifs, mais également l’ensemble des dépenses de l’État et des administrations, qui pèsent davantage avec un nombre inférieur de travailleurs. Une charge qui se matérialise par le niveau d’impôts, de taxes, de charges sociales qui est le plus élevé de l’OCDE (organisme regroupant les pays développés). Et avec une conséquence : celui qui travaille ou qui produit en France ne récolte en fait qu’une partie de ses efforts.

Si l’on exprime les impôts (impôts et charges sociales) qui pèsent sur les entreprises en proportion du PIB, on constate une surtaxation record des entreprises françaises, qui s’élève à près de 7 % de PIB. C’est bien supérieur à la taxation allemande. En fait, les charges que leur impose l’État français (impôts, taxes et charges sociales) sont tout simplement supérieures de 60 % à celles des entreprises allemandes !

Du fait de cette surtaxation, les entreprises fran- çaises sont moins prospères et donc moins aptes à créer des emplois. Notre pays se retrouve ainsi enfermé dans un cercle vicieux : le taux d’emploi anormalement faible conduit à une pression fiscale très élevée pour financer le besoin de dépenses publiques, ainsi que l’inactivité, et la pression fiscale très élevée détériore la situation des entreprises françaises par l’augmentation du coût du travail et du capital, ce qui renforce la faiblesse du taux d’emploi, etc.

« Briser ce cercle vicieux constitue le principal enjeu du prochain quinquennat. Il ne peut y avoir d’autre stratégie de redressement économique du pays que d’inciter au travail et à la production, de réduire les dépenses publiques (tout en améliorant leur efficacité) et d’affecter les marges de manœuvre ainsi dégagées à l’allègement des charges des entreprises « , analyse la Fondation.

Les 3 réformes proposées par la Fondation Concorde

Pour inciter au travail, il faut mener trois réformes cruciales, qui augmentent fortement la production et donc les recettes fiscales et sociales qui en découlent et qui, par ailleurs, génèrent des économies budgétaires directes :

– Reculer l’âge de la retraite d’un trimestre paran;

– Réformer l’indemnisation du chômage pour inciter à la reprise du travail ;

– Fusionner les mimima sociaux dans une allocation sociale unique incitant le retour à l’emploi par sa transformation en un impôt négatif (qui permet de lisser les effets de seuil occasionnés par la perte des aides lors du retour à l’emploi).

Le recul de l’âge de la retraite constitue le levier d’action le plus important par les économies directes (2 milliards € par trimestre de report de l’âge de départ pour les salariés du secteur privé et 0,7 milliard € pour le secteur public) et surtout par l’amélioration du taux d’emploi, qui procure d’importantes recettes fiscales et sociales au moins deux fois supérieures à l’économie réalisée (constat réalisé à partir de l’analyse de la réforme de 2010).

Un âge légal retardé amène en effet probablement les entreprises à mieux intégrer la problématique du travail des seniors dans leur gestion des ressources humaines.

« Contrairement aux idées reçues, non seulement les seniors ne prennent pas le travail des plus jeunes, mais leur maintien dans l’activité emporte au contraire une baisse importante du chômage des jeunes et, mécaniquement, une richesse par habitant beaucoup plus forte. La Fondation Concorde fait ici trois propositions pour stimuler le marché du travail, y accueillir mieux les jeunes français tout en conservant plus longtemps le bénéfice de l’expérience des seniors actifs. Un pacte générationnel est possible en France pour rompre la spirale du chômage de masse et d’une croissance structurelle faible. », explique Philippe Ansel, Chef économiste de la Fondation Concorde.

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