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Les travailleurs expérimentés sont plus fiables et plus productifs que leurs homologues plus jeunes

D’après l’article de Caryl Rivers et Rosalind C. Barnett initialement publié sur Recode.net
Syntec Conseil-Recrutement - 23/12/2021

On associe communément les mots « high tech » et « jeune », en pensant aux jeunes de 20 ans, potentiellement milliardaires, qui créent des entreprises dans leur chambre d’étudiant ou leur garage. Mais qu’en est-il des mots « high tech » et « senior » ? On imagine des aînés qui ne savent pas se servir d’un clavier et qui demandent à leurs petits-enfants : « C’est quoi une application ? ». Mais, en fait, même si leurs connaissances techniques ne sont pas aussi pointues que celles des jeunes de 20 ans, les seniors disposent de compétences supérieures à celles des jeunes.

Les seniors sont plus performants que les jeunes

Une étude internationale, Cogito 2010, remet en cause les idées reçues. En fait, la productivité des seniors s’avère plus constante que celle des jeunes. L’étude compare 101 jeunes (20-31 ans) et 103 seniors (65-80 ans) qui effectuent 12 tâches différentes pendant 100 jours. Ces tâches comprennent des tests de capacités cognitives, de vitesse de perception, de mémoire épisodique et d’apprentissage. Une des hypothèses de départ était que les jeunes avaient des performances plus constantes dans le temps, tandis que celles des travailleurs expérimentés étaient plus volatiles. Les observations montrent une réalité sensiblement différente. Les performances des 65-80 ans sont en fait plus stables, elles varient moins d’un jour à l’autre que celles des jeunes. Une autre hypothèse était que les seniors apprennent moins, se souviennent moins et mettent plus de temps à apprendre que les jeunes. Encore une fois, l’observation montre le contraire. En fait, les performances cognitives des seniors sont plus constantes dans le temps que celles des jeunes. Probablement parce que l’expérience leur permet de mettre au point des stratégies pour résoudre les problèmes. En outre, leur motivation est plus élevée. « Dans l’ensemble, la productivité et la fiabilité des seniors sont supérieures à celles de leurs collègues plus jeunes », affirme Axel Börsch-Supan du Max-Planck-Institut für Sozialrecht und Sozialpolitik. Cette conclusion, qui va à l’encontre des idées reçues, est étayée par des données qui montrent que les seniors sont moins distraits et mieux à même de se concentrer sur les tâches à accomplir. L’expérience acquise aide les seniors à compenser les changements physiques et mentaux qui accompagnent le vieillissement. Les seniors sont plus performants en matière d’organisation, de rédaction et de résolution de problèmes. « C’est le fruit de l’expérience », explique Peter Cappelli, professeur à la Wharton School of Business. « Les seniors sont bien meilleurs que leurs jeunes collègues. Tous les aspects de la performance professionnelle s’améliorent avec l’âge », déclare-t-il. « Je pensais que le tableau serait plus mitigé, mais il n’en est rien. La discrimination sur le lieu de travail dont ils sont victimes n’a tout simplement aucun sens. »

La capacité d’apprentissage est infinie

Les travailleurs âgés peuvent également acquérir des compétences en matière de nouvelles technologies s’ils en ont la possibilité et s’ils sont motivés à le faire. C’est une erreur de penser qu’ils ne peuvent pas le faire. Les avancées des neurosciences montrent que le cerveau humain est plastique ; nous pouvons maîtriser de nouveaux sujets, organiser et intégrer des connaissances tout au long de notre vie tant que nous sommes en bonne santé et que nous restons tournés vers l’avenir et ouverts à de nouvelles expériences.

Le jeunisme conduit à ignorer les potentiels

Souvent, nous ne voyons pas le potentiel parce que nous ne regardons pas dans la bonne direction. C’est particulièrement vrai dans le monde de la haute technologie qui encense la jeunesse. Le jeunisme ambiant dirige notre attention vers les jeunes au détriment des seniors. Lorsque Diana Nyad, âgée de 64 ans, effectue la traversée à la nage de Cuba à la Floride, ou lorsque Barbara Liskov, à 73 ans, qui dirige le groupe de méthodologie de programmation du MIT, remporte le prestigieux prix Turing, nous pensons dans notre for intérieur : « C’est très bien mais en quoi cela me concerne-t-il ? ». Il en est de même lorsque nous lisons un article sur Harold Scheraga, un chimiste spécialiste des protéines de l’université Cornell, aujourd’hui nonagénaire, qui a publié plus de 1.200 compte-rendu de recherche depuis 1947 dont 20 en 2008. « Je suis très productif et je fais des progrès », dit Scheraga. « Je continuerai tant que je serai sain d’esprit et que ma santé tiendra le coup. Ce n’est que lorsque quelqu’un – mes pairs ou moi-même – dira que ma science est fichue que j’arrêterai. » Ellen Langer, psychologue de l’université de Harvard, plaide en faveur de la « psychologie de la possibilité », affirmant que même si une seule personne accomplit quelque chose, c’est la preuve que c’est possible. Nous ne décidons peut-être pas de nager de Cuba à la Floride à plus de 60 ans mais l’exploit de Nyad montre que beaucoup plus de choses sont possibles que ce que nous aurions pu imaginer. « Si nous ouvrons notre esprit, un monde de possibilités s’offre à nous. »

Alors que la main-d’œuvre se fait rare nous devons encourager la créativité des seniors

La sénatrice Dianne Feinstein, 81 ans, rappelle que « l’âge n’est pas seulement biologique et chronologique. C’est une notion éminemment individuelle. Certains vieillissent plus vite que d’autres. On peut le constater partout. Certains perdent des cellules cérébrales et des fonctions corporelles plus rapidement que d’autres mais si vous conservez tous ces éléments, il n’y a aucune raison pour que l’âge intervienne comme un facteur d’exclusion. »

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