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Ce que nous apprend l’exemple de la Suisse sur l’emploi des Seniors

Syntec Conseil-Recrutement - 27/10/2021

Le taux d’emploi des Seniors en Suisse est un des meilleurs au monde

Les enseignements tirés de la situation en Suisse

Une étude publiée par Swiss Life, en septembre 2021, sur la situation de l’emploi des seniors dans la confédération helvétique met en évidence deux enseignements directement utiles à la réflexion sur la politique de l’emploi en France. D’une part, le taux d’emploi des Seniors en Suisse, qui est un des meilleurs au monde, n’est en rien lié aux mentalités qui sont tributaires des mêmes stéréotypes que dans notre pays, les recettes qui fonctionnent sont donc d’autres natures. D’autre part, la Suisse se prépare d’ores et déjà aux nouveaux défis du XXIe siècle consistant à reporter l’âge effectif du départ en retraite au-delà de 65 ans alors que la France en est encore à se demander comment maintenir plus d’actifs en emploi jusqu’à cet horizon.

Taux d’Emploi des 55-64 ans (source : OCDE)

Les principaux constats de l’étude Swiss Life

Les résultats de l’étude réalisée par Swiss Life sont en phase avec les données internationales. La proportion d’actifs de 55-64 ans dans la population active ne cesse d’augmenter, passant de 15% de l’ensemble de la population active en 2000 à 21% en 2019. Même en 2020, le taux d’occupation de cette tranche d’âge a progressé. Cette hausse est principalement imputable aux 60–64 ans et aux femmes en général. Le taux d’occupation chez les hommes ayant également légèrement augmenté depuis 2010.

Part des 55-64 ans dans la population active suisse (source : Swiss Life)

Des seniors en proie à l’insécurité sur le marché du travail

Ce tableau, qui pourrait faire rêver en France où le taux d’emploi des 55-64 ans est de 51%, cache cependant une réalité plus complexe où les seniors ne sont pas aussi bien installés qu’il y parait sur le marché de l’emploi. En effet, l’étude met en évidence qu’une proportion non négligeable (entre 6% et 7%) des 55 ans et plus doivent prématurément quitter la vie active avant l’âge de la retraite. Par ailleurs, seul un quart des 55-64 ans pense pouvoir retrouver un travail équivalent en cas de perte d’emploi. La hausse continue du taux d’occupation des seniors s’opère paradoxalement dans une atmosphère d’inquiétude et de malaise larvé au moins pour une part significative d’entre eux. Si la majorité des 55 ans et plus déclare se sentir plutôt bien au sein des entreprises où ils travaillent, à la question de savoir s’il est souhaitable de relever l’âge de la retraite, 59% se prononcent contre. Près des deux tiers de ceux qui s’opposent à cette mesure (soit 36% de l’ensemble des personnes interrogées) déclarent qu’une plus grande sécurité de l’emploi pour les 55 ans et plus conduirait à une meilleure acceptation d’un relèvement de l’âge de la retraite.

Des employeurs qui ont majoritairement une vision négative des seniors

L’étude concerne également les employeurs. Elle montre à cet égard que la plupart des stéréotypes défavorables aux seniors ont également cours en Suisse. Alors que, la main sur le cœur, 75% des employeurs affirment que l’âge ne constitue pas un critère discriminant lors du recrutement et que les candidats plus âgés présentent des atouts en termes d’expérience, de compétence spécialisée et de loyauté, à peine un tiers des employeurs se dit prêt à embaucher des personnes qui approchent l’âge de la retraite. 18% des employeurs admettent même ouvertement privilégier les jeunes candidats – ce taux atteignant 27% en cas de créations de postes. Une majorité d’employeurs considère que les jeunes candidats présentent un avantage décisif en termes de coûts, d’affinités informatiques ou de santé. La majorité des entreprises pratiquent soit une politique du personnel passive soit aucune politique du tout concernant le maintien en emploi des travailleurs de 55 ans et plus. Seules 25% d’elles ont pris des mesures au cours des dernières années pour que leurs collaborateurs ne prennent pas une retraite anticipée. Les entreprises qui ne prennent pas de mesures ciblées invoquent souvent des stéréotypes pour justifier leur passivité. Environ la moitié des personnes interrogées citent une diminution de la capacité des seniors à gérer le stress (28%), une baisse de la flexibilité (25%), de la performance (24%) et/ou de la motivation (12%).

L’enjeu du maintien en activité au-delà de 65 ans

La passivité des entreprises pour retenir les seniors est d’autant plus surprenante qu’une entreprise sur trois déclare éprouver des difficultés de recrutement, notamment de profils spécialisés. A l’avenir, les tensions sur le marché du travail devraient encore s’accentuer du fait du déséquilibre démographique. La dernière cohorte des baby-boomers est en train de partir en retraite et sera suivie par d’autres générations à forte natalité. Par rapport à 2019, le nombre de départs en retraite devrait augmenter de près de 30% d’ici à 2030. Inversement, la relève est de moins en moins nombreuse. La croissance annuelle de la population active en équivalents temps plein qui avait été de +1,5% entre 2005 et 2015, est tombée à +0,7% entre 2015 et 2019, dont 90% provenant des plus de 55 ans. L’évolution des moins de 55 ans s’est effondrée pour devenir négative en 2018 et 2019. Dans des secteurs tels que l’industrie, la construction, le commerce ou l’administration publique, seule la population active des 55 ans et plus a augmenté au cours des cinq dernières années.

 

La vague des départs en retraite (indice 100 : 2010)

L’impact de cette évolution sur la situation des seniors n’est cependant pas clair. Les entreprises qui ont pris des mesures pour les conserver jusqu’à et au-delà de l’âge de la retraite misent surtout sur des incitations non monétaires telles que la possibilité de réduire le temps de travail (38% de manière systématique, 49% occasionnellement) ou d’assouplir les horaires de travail (31% de manière systématique, 52% occasionnellement). Elles ont également d’autres possibilités de réagir à la pénurie de personnel. Outre le fait de prolonger la durée d’activité des seniors, elles peuvent aussi intégrer davantage de femmes, proposer des formations internes, favoriser l’apprentissage, recruter à l’étranger (sous réserve que l’environnement européen, lui-même tributaire d’une évolution démographique similaire, le permette) et augmenter la productivité, notamment grâce au numérique.

L’étude conclue sur l’acceptation du report de l’âge de la retraite au-delà de 65 ans. Il apparaît que les employeurs suisses sont majoritairement (63%) d’avis que leurs collaborateurs sont en mesure de travailler jusqu’à 66 ou 67 ans mais qu’ils sont également (79%) d’avis que les salariés ne souhaitent pas travailler au-delà de l’âge actuel de la retraite. Cette position est révélatrice d’une opinion personnelle qui a essentiellement trait aux stéréotypes plus qu’à la réalité. En effet, plus les personnes interrogées sont de cet avis, moins elles sont disposées à embaucher des salariés au-delà de 65 ans. Cette vision des entreprises est en contradiction avec l’opinion des individus de 55-70 ans qui, dans près de la moitié des cas, seraient ou auraient été disposées à travailler au-delà de 65 ans. Les actifs qui approchent l’âge de la retraite étant majoritairement d’avis que les entreprises devraient mettre en œuvre plus de mesures afin de rendre le travail après 64/65 ans plus attractif.

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