Alors que les recrutements des cadres avaient atteint en 2019 un niveau record avec 281 300 embauches, confirmant ainsi la vitalité́ du marché́ français de l’emploi cadre et sa dynamique de croissance régulière et que 2020 s’annonçait sur la même tendance, la crise sanitaire rebat les cartes !

La situation économique totalement inédite et la baisse de l’investissement des entreprises qui en découle vont se traduire par une chute sans précèdent des recrutements de cadres pour 2020.

Le dernier baromètre des intentions de recrutement de l’APEC estime cette baisse des recrutements de cadres de 30 à 40%.

« La crise inédite que nous vivons a plongé́ l’économie dans une profonde récession. La période de confinement a mis à l’arrêt des secteurs entiers de l’économie et a stoppé les investissements des entreprises. Les TPE-PME ont été touchées plus intensément que les autres. Les cadres n’ont pas été épargnés par les impacts très lourds de la crise sur le marché́ du travail », analyse Gilles Gateau, Directeur général de l’Apec.

L’année 2020 devrait se solder par 170 000 à 200 000 recrutements de cadres, dont 37 000 à 47 000 recrutements au 4^ème trimestre, un volume sujet à caution compte tenu des incertitudes sur le front sanitaire. L’année 2020 affichera donc un volume de recrutements de cadres inferieur de 30 à 40 % par rapport à l’année 2019.

Même les secteurs à forte valeur ajoutée, dans les fonctions commerciales, informatiques ou les métiers de la R&D affichent aussi un recul de plus de 30 % depuis le début de l’année 2020.

La faible intention de recrutements de cadres au dernier trimestre 2020 s’explique notamment par la difficulté des entreprises à retrouver leur niveau d’activité d’avant la crise sanitaire et par leur manque de vision sur les prochains mois, manque accentué par la reprise de l’épidémie.

Les cadres séniors constituent une population souvent fragilisée en période de crise, comme ce fut le cas pendant la crise de 2008.

Ainsi, près de neuf cadres séniors sur dix (88 %) estiment qu’il serait difficile pour eux de retrouver un emploi équivalent en cas de licenciement. Tandis que les cadres séniors en recherche d’emploi font face, eux, à une réduction majeure des postes disponibles sur le marché́ de l’emploi cadre et sont ceux pour lesquels la recherche d’emploi s’est révélée la plus difficile (93 % contre 83 % en moyenne), principalement en raison du manque d’offres d’emploi correspondant à leur profil et de l’absence de réponses à leurs candidatures. Les cadres de plus de 50 ans constituent dans les faits la majorité́ des cadres demandeurs d’emploi de longue durée (1 an ou plus).

Dans ce contexte, les séniors sont deux fois moins nombreux que la moyenne des cadres à envisager de changer d’entreprise au cours des douze prochains mois (17 % contre 34 %).

Et pourtant face à un recrutement en chute libre et une augmentation des chômeurs, les entreprises, qui envisagent de recruter des cadres au 4e trimestre 2020, s’attendent à rencontrer des difficultés significatives pour trouver et convaincre des potentiels candidats avec des profils correspondants à leur besoin. En effet, le principe de précaution, qui prévaut chez les cadres en poste pour ne pas changer d’entreprise dans le contexte actuel, pourrait en effet y contribuer.

 

 

Sources : Baromètre des intentions de recrutement de l’APEC / Insee, Enquête emploi, 2018, traitements Apec