Un Livre Vert sur le vieillissement, publié en janvier 2021 par la Commission Européenne, intitulé « Promouvoir la solidarité et la responsabilité entre générations » établit un état des lieux original de la situation démographique en Europe vis-à-vis de l’emploi.

Le double constat du livre vert

Concernant la situation des seniors, le rapport part d’un double constat. Alors que la pandémie actuelle continue de nous menacer, il ne faut pas perdre de vue que jamais auparavant autant d’européens n’ont connu une vie aussi longue. Au cours des cinq dernières décennies, l’espérance de vie à la naissance a augmenté d’environ 10 ans, tant pour les hommes que pour les femmes. Dans le même temps, la population de l’UE en âge de travailler diminue et cette tendance devrait se poursuivre. La population totale restant constante, le risque de pénurie de main-d’œuvre augmente. De ce fait, il risque d’être difficile de maintenir la production et la fourniture de biens et de services. Pour compenser la diminution de la population en âge de travailler, le rapport préconise que les états européens mettent en œuvre des politiques amenant davantage de personnes sur le marché du travail, leur permettant de rester en activité plus longtemps.

Une approche originale

Une originalité de cette étude est de considérer l’âge comme un facteur de discrimination, parmi d’autres, au même titre que le genre, l’origine sociale ou ethnique.

En effet, la discrimination au travail apparait comme très répandue. En veillant à ce que les personnes issues d’une minorité, y compris celle de l’âge, puissent déployer pleinement leur potentiel, on devrait obtenir des résultats positifs pour tous.

Les personnes âgées en bonne santé sont en mesure de contribuer de manière significative à la production de valeur. Ne pas mettre leurs compétences à profit serait non seulement préjudiciable à leur santé physique et mentale et à leur bien-être mais ce serait également une occasion manquée pour la société.

Malgré de récentes améliorations, le taux d’emploi des travailleurs âgés dans l’UE reste inférieur à la moyenne : 59,1 % des personnes âgées de 55 à 64 ans occupent un emploi contre une moyenne générale de 73,1 %. Après 50 ans, le risque de chômage de longue durée augmente. Les travailleurs âgés rencontrent des difficultés en ce qui concerne le recrutement, l’accès à la formation, la transition professionnelle et l’adaptation des tâches.

Les solutions envisagées

Ainsi, une meilleure prise en compte des aspects physiques et des conditions de travail flexibles permettrait aux travailleurs âgés de reporter leur départ en retraite. De bonnes conditions de travail, y compris des mesures de sécurité et de santé sérieuses, contribueraient à protéger la santé des travailleurs de tous âges, favorisant le bien-être et réduisant les taux de retraite anticipée. Les technologies numériques pourraient également offrir des environnements de travail plus adaptés, avec des systèmes personnalisés, des accessoires connectés et des applications de santé mobiles.

L’entrepreneuriat des seniors une piste à développer

L’entrepreneuriat des seniors constitue une autre voie qui devrait permettre de prolonger la vie active, de réduire le chômage des personnes âgées, d’améliorer leur inclusion sociale et de stimuler l’innovation. Il devrait favoriser l’apprentissage intergénérationnel et assurer le transfert de connaissances. La sensibilisation à l’entrepreneuriat en tant qu’option de fin de carrière peut contribuer à lutter contre l’âgisme. Les politiques publiques devraient soutenir les entrepreneurs seniors en supprimant les mesures dissuasives dans les systèmes fiscaux et de sécurité sociale, en fournissant des conseils et en garantissant l’accès au financement.

Former et éduquer pour améliorer l’employabilité

Enfin, il existe un grand potentiel de développement des compétences des travailleurs seniors. L’éducation et la formation des adultes constituent une réponse pour améliorer l’employabilité dans un monde du travail en mutation. Le passage à l’apprentissage à distance, stimulé par la pandémie de COVID-19, a permis de tirer des enseignements pour utiliser les technologies numériques dans l’éducation et la formation. Toutefois, la crise a encore mis en évidence les inégalités auxquelles sont confrontées les différentes communautés auxquelles elles s’adressent.