En 2020, 10% des salariés estiment avoir été victimes de discrimination ou de harcèlement à cause de leur âge.

Baromètre

Chaque année, le Défenseur des Droits et l’Organisation Internationale du Travail (OIT) publient conjointement un baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi. Cette 13ème édition, sortie en décembre 2020, fait apparaître une évolution positive pour les travailleurs seniors. En effet, il y a encore quelques années, l’âge faisait partie des premiers critères de discriminations ressenties par les salariés.

Premier critère

Aujourd’hui, le premier critère considéré comme le plus discriminant est l’origine (46%), puis l’état de santé ou le handicap (40%) et l’apparence physique (38%). L’âge n’arrive qu’en 4^e position avec 35%.

36% des personnes ayant vécu une discrimination ou un harcèlement discriminatoire dans le cadre professionnel rapportent avoir été discriminées en raison de leur âge, derrière la nationalité (37%), l’origine ethnique (47%), le sexe (49%) et en première position l’apparence physique (52%).

Les hommes perçoivent davantage les discriminations liées à l’âge (39% contre 31% des femmes).

Préjugés et stéréotypes

Les préjugés et stéréotypes envers les collègues et les supérieurs hiérarchiques évoluent aussi positivement. Ainsi, seulement 1% des salariés ne se disent pas à l’aise au travail avec un collègue beaucoup plus âgé.

Parmi les personnes ayant vécu une discrimination ou un harcèlement discriminatoire dans l’emploi, 10 % d’entre elles rapportent avoir été discriminées en raison de leur âge.

En 2020, 10% des salariés du secteur privé et 11% du secteur public estiment avoir été victimes de discrimination ou de harcèlement à cause de leur âge.

Conséquences émotionnelles

Les conséquences émotionnelles, psychologiques ou physiques des discriminations peuvent entraîner une autocensure qui se traduit par un refus de répondre à des offres d’emploi correspondant pourtant aux compétences de la personne. En effet, 22% des actifs en France n’ont pas soumis leur candidature à une offre d’emploi, pourtant en adéquation avec leurs compétences, au cours des cinq dernières années, que ce soit en raison de leur sexe, de leur âge, de leur origine ethnique, de leur religion, de leur état de santé ou d’un handicap, de leur apparence physique ou de leur orientation sexuelle.

Cette autocensure s’explique, en partie, parce que les personnes anticipent les discriminations auxquelles elles sont susceptibles d’être confrontées : 70% des personnes ayant déclaré avoir vécu une discrimination dans l’emploi pensent ainsi qu’il est probable ou certain qu’elles soient à nouveau victimes de discrimination dans ce cadre.

Évidemment, l’âge arrive encore en 4^ème position des critères considérés comme les plus discriminants, mais c’est une belle évolution sachant qu’il y a 8 ans il était en première position (Etre âgé de plus de 45 ans était perçu comme un inconvénient par 29 % des agents du public et 27 % des salariés du privé).

Peu de plaintes liées à l’âge

Mais, l’âge ne constitue encore que 10% des motifs de saisine du Défenseur des Droits. Les seniors considèrent-il cette discrimination comme une fatalité ou ne voient-ils pas quels arguments apporter pour s’y opposer ? Sans doute, hélas, ne se battent-ils pas parce que les discriminations liées à l’âge ont pour caractéristiques d’être largement invisibles ou tolérées et parce que fortement intériorisées et banalisées.

The Workforce View

Enfin, selon une autre étude, The Workforce View in Europe 2019, réalisée à l’échelle européenne par ADP, en Europe, le motif de discrimination le plus répandu reste l’âge, de l’avis des personnes interrogées. Elles sont 12% en France contre 9% en moyenne en Europe à le considérer comme tel. Et 22% des plus de 45 ans disent avoir déjà été confrontés à ce problème à plusieurs reprises.

La route semble donc encore longue, mais la guerre pas perdue pour changer les mentalités et faire évoluer les choses.