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Les Seniors champions de la création d’entreprise aux USA

Syntec Conseil-Recrutement - 22/04/2021

Une étude académique, intitulée « Age and High-Growth Entrepreneurship », publiée en mars 2020 par un groupe d’universitaires (Pierre Azoulay, Benjamin F. Jones, J. Daniel Kim, and Javier Miranda) dans American Economic Review, vient profondément bouleverser les idées reçues sur les seniors en tant que créateurs d’entreprise.

 

Les jeunes qui réussissent sont des exceptions

L’étude part du constat que les juniors sont moins « dotés en facteurs » (expérience, moyens financiers, réseaux) que les seniors pour créer une entreprise. Les cas que l’on cite toujours d’entrepreneurs qui, très jeunes, ont créé des entreprises majeures ayant révolutionné notre époque (Bill Gates, Steve Jobs, Mark Zuckerberg, …) sont en fait des exceptions. Le « jeunisme » ambiant contribue cependant à entretenir l’illusion que ce sont les jeunes générations qui sont les plus capables d’innover en matière de recherche scientifique et de création d’entreprise du fait d’une plus grande capacité intellectuelle et du moindre poids des responsabilités familiales. Cette image aboutit à renforcer la barrière de l’âge et à en faire un critère de sélection quasi insurmontable pour les seniors, notamment chez certains fonds d’investissement de la Silicone Valley qui ne jurent que par la jeunesse des porteurs de projet.

L’âge moyen des entrepreneurs à succès est de 45 ans

L’étude analyse statistiquement 2,7 millions d’entreprises américaines sur la période 2007-2014. Elle porte, en particulier, sur leur taux de croissance, le nombre d’emplois créés et l’évolution de leur actionnariat (cotation en bourse ou cession). Elle distingue, notamment, les entreprises positionnées sur un secteur high tech, détenant un brevet ou financées par un fonds de venture capital. Elle arrive à la conclusion que les entrepreneurs ayant le plus fort taux de réussite ne sont pas jeunes mais « middle-aged ». En effet, l’âge moyen des créateurs des 1.000 entreprises, tous secteurs confondus, présentant le plus fort taux de croissance sur la période 2007-2014 est de 45 ans. Cette observation est la même, que l’on cible l’ensemble des entreprises ou uniquement celles du secteur des nouvelles technologies. Les chercheurs établissent également que les chances de succès d’un créateur d’entreprise de 50 ans sont 1,8 fois supérieures à celles d’un trentenaire.

C’est entre 46 et 60 ans qu’on a le plus de chances de réussir

L’étude segmente également les entreprises en fonction de l’âge de leur fondateur au moment de la création. Cette approche démontre que le taux de réussite des créations d’entreprise est très faible avant 25 ans, qu’il reste ensuite stable et ne progresse de manière significative qu’à partir de 35 ans pour atteindre un sommet vers 46 ans et se maintenir jusqu’à l’âge de 60 ans.

C’est donc entre 46 et 60 ans que, statistiquement, un entrepreneur a le plus de chances de créer une entreprise qui prospère.

En mettant les seniors au rencard, la France se prive de ses meilleures chances

Ce dernier constat, qui s’appuie sur des analyses statistiques très documentées, réalisées par les auteurs de l’étude, a du sens dans un pays où les plus de 55 ans sont encore 71% au travail mais où il apparait, en creux, que circulent les mêmes a priori liés à l’âge que chez nous. En effet, que dire de la situation en France où les seniors de plus de 55 ans ne sont plus que 33% à travailler et où, une étude de l’INSEE de 2018, montre que les créateurs d’entreprises sont pour 65% d’entre eux âgés de moins de 45 ans.

Si les enseignements de l’étude d’Azoulay & al sont validés aux USA, pourquoi ne s’appliqueraient-ils pas à la France ?

Celle-ci démontre qu’en écartant systématiquement les seniors du monde du travail, en les repoussant dans le bénévolat et le confort des régimes de « pré retraite », la France se prive sans le vouloir ou sans le savoir de ses meilleures chances en matière de création d’entreprises performantes et durables.

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