En 2020, 27 % d’offres en moins par rapport à 2019 pour les cadres seniors

Chaque année, au premier trimestre, l’APEC réalise une enquête menée auprès d’un échantillon permanent de 8.000 entreprises. Cet échantillon est représentatif de la répartition par région, par taille et par secteur d’activité des salariés du secteur privé en France métropolitaine et représente 1,4 million de salariés dont 345 500 cadres.

L’étude Apec, réalisée début 2021, met en évidence trois principaux enseignements :

• La dynamique de l’emploi cadre s’est brutalement retournée en 2020
  • Les entreprises du panel ont recruté 228.700 cadres en 2020 contre 281.300 un an auparavant, soit une baisse de 19% (-50.000 recrutements).
• On constate un redémarrage en 2021
  • En 2021, les entreprises envisagent de recruter 247.000 cadres, soit une progression de 8 % par rapport à 2020.
  • Les secteurs qui recrutent sont principalement : informatique (+16 %), ingénierie-R&D (+13 %) et conseil (+14 %).
  • Les trois grandes régions pour l’emploi cadre sont : Île-de-France (+10 %), Auvergne-Rhône-Alpes (+11 %) et Hauts-de-France (+10 %)
• Mais le redémarrage reste inférieur au niveau d’avant-crise
  • En 2021, les recrutements devraient se situer 12 % en dessous de leur niveau de 2019.
  • Certains secteurs (automobile-aéronautique, hôtellerie-restauration, distribution spécialisée) restent très affectés par la récession.
  • Certaines régions qui sont plus touchées par le recul des recrutements (Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est, Normandie, Occitanie) demeureraient en 2021 très en retrait par rapport à leur niveau d’avant-crise.
  • Les cadres débutants et les cadres seniors sont les plus affectés.

Le recrutement des cadres en 2021 ne retrouvera pas le niveau d’avant crise

En anticipation de la reprise, les entreprises prévoient d’embaucher 247.000 cadres en 2021, soit une progression de 8 % par rapport à 2020. Ce redémarrage des recrutements est porté par les services à forte valeur ajoutée et la technologie sous l’effet de la transformation digitale qui, en dépit de la crise, se poursuit. Ces prévisions de recrutements ne permettront cependant pas de retrouver les niveaux d’avant-crise. Le volume de recrutements de cadres devrait être en 2021 inférieur de 12 % à celui de 2019.

L’exception bretonne

Ces prévisions se retrouvent dans l’ensemble des régions, à l’exception de la Bretagne qui se singularise avec des recrutements en 2021 dépassant le niveau de 2019. Le territoire breton est celui qui a été le moins impacté par la pandémie et c’est la seule région à ne pas avoir connu de baisse des recrutements de cadres en 2020.

Les recrutements portés par la technologie et la transformation numérique

Île-de-France, Auvergne-Rhône Alpes et Hauts-de-France devraient connaître les plus forts rebonds en 2021 avec des hausses de recrutements comprises entre +10 et +11 %. L’Île-de-France (qui représente à elle seule près de la moitié de l’emploi cadres en France) devrait profiter de la dynamique des services à forte valeur ajoutée (informatique, ingénierie-R&D et conseil). La région Auvergne-Rhône Alpes pourrait bénéficier de son côté d’une meilleure orientation de ses activités industrielles (métallurgie, mécanique, construction automobile) et de ses services (ingénierie-R&D et conseil). Dans les Hauts-de-France, la reprise des recrutements de cadres devait être multisectorielle (informatique, construction, industries agroalimentaires).

La reprise des recrutements de cadres devrait concerner la quasi-totalité des fonctions en 2021 avec trois fonctions qui sortent du lot : informatique, commercial-marketing et études-R&D – lesquelles concentrent 55 % des embauches de cadres (contre 52 % en 2020).

Les cadres débutants face à l’embouteillage du marché de l’emploi

Avec une progression de 13 % en 2021, les cadres débutants devraient bénéficier du redémarrage du marché de l’emploi, sans pour autant effacer la chute de 2020 (-26 %). Les jeunes diplômés qui peuvent prétendre accéder à un poste cadre à l’issue de leur formation (Bac+5 et plus) seront en 2021 confrontés à un embouteillage du marché avec trois promotions à la recherche en même temps d’un emploi. En effet, une partie de la promotion 2019 est toujours en recherche d’emploi de même que celle de 2020, tandis que celle de 2021 va bientôt arriver sur le marché du travail.

Les cadres seniors, seuls à ne pas bénéficier de la reprise des recrutements en 2021

Les cadres seniors sont également particulièrement touchés par la crise et ne semblent pas bénéficier du redémarrage de 2021. En effet, le marché de l’emploi cadre s’est contracté fortement en 2020 pour les cadres de plus de 20 ans d’expérience (-27 % par rapport à 2019). En 2021, les recrutements de cadres de plus de 20 ans d’expérience devraient même être en légère baisse par rapport à 2020.

L’ensemble des prévisions 2021 est marqué par l’incertitude.

Si l’intensification des campagnes de vaccination plaide pour une normalisation progressive, les risques de regain de l’épidémie font peser une inconnue sur la reprise. Les entreprises sont fragilisées et particulièrement exposées avec la disparition inévitable des aides publiques.

Inversement, la levée progressive à la mi-2021 des mesures sanitaires pourrait s’accompagner d’un rebond de la consommation des ménages. D’autant que ces derniers ont accumulé une épargne importante (environ 160 Mrds € selon l’OFCE). Des plans de relance pourraient également stimuler la demande. Le contexte international pourrait aussi apporter du souffle à la reprise. L’intensification des échanges apportant à l’économie française le levier de croissance qui lui a cruellement fait défaut en 2020.