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Travailleurs seniors : Le modèle suédois

Syntec Conseil-Recrutement - 18/11/2020

Avec un taux d’emploi des 55-64 ans de 78%*, la Suède fait figure de bonne élève. Qu’est-ce qui explique ces chiffres et surtout l’écart important avec l’Europe 60% et la France 53%**?

En Suède, les travailleurs de 55-64 ans affichent une très forte augmentation de plus de 8 points depuis 2006. Augmentation qui s’explique en partie par la réforme des retraites (aujourd’hui, retraite à points). Mais cette réforme même si elle a modifié le comportement des travailleurs suédois n’explique pas tout.

Les 3 grandes spécificités suédoises

3 spécificités structurelles du marché du travail suédois favorisent l’employabilité des séniors et expliquent aussi le retard de la France en matière d’employabilité de ses séniors.

En Suède, le niveau de salaire des séniors n’est pas plus élevé que celui des quadras car il se base sur un principe dit égalitariste : « à travail égal, salaire égal ». Le système de l’augmentation des salaires à l’ancienneté n’a pas cours en Suède.  Ainsi, après 45 ans, les salaires augmentent très peu, ne créant pas de fossé entre un profil sénior et un profil quadragénaire, comme c’est le cas en France. « Cette propriété́ est en mesure de faciliter le maintien dans l’emploi de nombreux travailleurs seniors », considère l’économiste Vincent Touzé.

La seconde spécificité suédoise est l’accès à la formation continue qui augmente avec l’âge, facilitant ainsi la reconversion et la mobilité professionnelle. Cette formation continue est adaptée aux travailleurs séniors pour leur permettre d’accéder à de nouveaux emplois « moins difficiles sur le plan physique ou plus adaptés aux travailleurs vieillissants », constate Vincent Touzé, auteur de l’étude Marché du travail et emploi des séniors en Suède***. Ainsi c’est près de 62% des séniors de + de 55 ans suédois qui ont suivi une formation.

Enfin, la dernière spécificité est la loi sur la sécurité de l’emploi de 1974 qui a mis en place une règle « premier entré, dernier sorti » qui favorise le maintien en place des travailleurs les plus anciens lors de plans de licenciement. Mais, à contrario, cette règle limite la mobilité des séniors qui préfèrent ne pas quitter leur poste de peur de perdre leur « sécurité́ » d’emploi.

Les 3 mesures suédoises pour maintenir les seniors en poste

Vincent Touzé a aussi mis en exergue, dans son rapport, trois autres mesures mises en place par le gouvernement suédois afin d’améliorer le maintien des travailleurs séniors en poste :

  • L’État, par des incitations financières, poussent les entreprises à investir dans l’amélioration de l’environnement de travail pour favoriser une baisse de la pénibilité de l’emploi.
  • L’État a mis en place une loi qui « oblige les entreprises à accepter les demandes des salariés qui souhaitent passer à temps partiel, ce qui permet de contribuer à un passage progressif à la retraite. »
  • L’État a reculé l’âge légal du travail à 67 ans. A partir de cet âge un travailleur suédois peut être mis à la retraite d’office sans procédure de licenciement.

Mais il y a un revers à la médaille. Et si la Suède possède un beau score pour les 55-64 en poste, elle affiche aussi des chiffres impressionnants pour les travailleurs retraités qui sont 18% à travailler jusqu’à 69 ans et 8,5% jusqu’à 74 ans (le taux d’emploi des plus de 65 ans en France était à 3,0 % en 2017).

Cet allongement des années de travail s’explique par le passage au système des retraites à points et à la baisse de la pension de base garantie qui a été diminuée d’un tiers entre 2004 et 2018, appauvrissant les retraités. Ainsi, 250.000 retraités sont sous le seuil de pauvreté et sont obligés de travailler pour survivre décemment. Selon, le Bureau central de la statistique du Royaume de Suède – le taux de pauvreté des plus de 65 ans est de 14%.

 

*Source : Statistics Sweden
**Source : Rapport DARES
***Source : Etude Marché du travail et emploi des séniors en Suède

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