L’innovation dans l’offre et les pratiques au cœur des métiers du conseil et des études
Cette année, 145 participants ont accepté de répondre aux questionnaires quantitatifs, complémentés par 15 entretiens individuels, qui ont permis de faire émerger les grandes tendances du secteur. En 2022, un accent tout particulier a été mis sur l’innovation dans l’offre de conseil à différents niveaux : RSE, satisfaction client, gestion des talents, transformation digitale, analyse des données et IA. En interne, les sociétés se sont également adaptées pour continuer à optimiser leur gestion RH.
Une croissance toujours à deux chiffres en 2022
Premier enseignement de l’étude, le conseil semble avoir été épargné l’an dernier par le contexte économique et géopolitique. Le secteur affiche une croissance à deux chiffres (12,5 %), malgré la prévision de ralentissement de l’économie liée à la guerre en Ukraine et à l’inflation. Les activités de conseil en stratégie (22,5 %), d’organisation et de conduite du changement (14,3 %), de conseil SI (13%) ont continué de driver le marché.
Un atterrissage prévisible en 2023
Si le premier trimestre 2023 apparaît positif, le reste de l’année est plus incertain. Les cabinets adoptent donc une démarche commerciale proactive, avec une vision de long terme. Elles estiment ainsi leur croissance en 2023 autour de 10 %. Cette prévision est toutefois modérée par un manque de visibilité et un allongement de la prise de décision côté commanditaire, ce qui entraîne parfois des problèmes de gestion de la charge du côté des équipes.
Si un décalage s’observe entre cette prévision de croissance pour le conseil et les perspectives macroéconomiques en 2023 (0,6 % selon l’Insee), cela s’explique par les besoins importants des clients dans leur accompagnement à la transformation humaine et technologique. D’ailleurs, le business, bien orienté en ce début d’année, s’est traduit par un moral des dirigeants en nette hausse par rapport à 2022 : 8,1/10 contre 6,9/10 l’an dernier à la même période.
« Désormais, la croissance des marchés des métiers du conseil n’est plus strictement corrélée au PIB ou même à l’investissement des entreprises. Nos entreprises du conseil peuvent surfer sur ce besoin très puissant d’expertise et d’accompagnement dans un contexte tendu voire pénurique autour du capital humain. » Matthieu Courtecuisse, Président de Syntec Conseil.
Des acteurs du conseil qui innovent pour répondre aux nouveaux enjeux
- La RSE : un sujet qui accélère encore
La RSE est désormais un sujet bien ancré chez les commanditaires. Encouragé par la législation, l’engagement de façade est dépassé. Tout devient durable. Les sociétés de conseil ont donc continué de développer leur offre sur ce segment l’an dernier : 65 % affirment avoir intégré la RSE à leurs pratiques business, dont 30 % de façon systématique.
Sur 2023, les sociétés du conseil et des études se structurent avec des prévisions d’investissements et d’organisation de même ampleur que pour la transformation digitale. Cette année devrait ainsi voir l’émergence d’une offre plus structurée autour du « consulting durable ». Pour 76 % des acteurs du conseil, la RSE représente une opportunité de développement de l’activité (contre 69 % en 2021). Dans cet objectif, les consultants s’organisent pour accélérer leur montée en compétences sur ces sujets, voire nouer des partenariats ou acquérir des sociétés.
- La satisfaction client au cœur des stratégies
Les sociétés de conseil s’emparent également de la satisfaction client, qui se place désormais au cœur des stratégies commerciales des entreprises : un marché qui devrait progresser dans les prochains mois. Les réflexions se renforcent du côté des sociétés du conseil pour mettre en place notamment des outils et process de mesure de la satisfaction des collaborateurs, mais aussi de mesure d’efficacité du parcours client. Dans un contexte compétitif, la compréhension et la satisfaction de l’expérience client restent des priorités en 2023.
- Recrutement : l’upskilling monte en puissance
Le recrutement est resté en tension en 2022 ; même si le marché se détend en ce début d’année. Pour accompagner plus efficacement leurs clients, les sociétés d’études et de conseil ont investi dans les outils de communication pour développer la visibilité des annonces, tels que la création de packs « visibilité » sur les réseaux sociaux. Les soft skills ont également continué à être poussées en 2022 pour maintenir les talents et les faire monter en compétences. Surtout, le upskilling a le vent en poupe pour répondre aux manques de talents sur certaines verticales métiers. Cette pratique consiste à accompagner la montée en compétences des collaborateurs pour les orienter vers de nouvelles fonctions au sein de l’entreprise. Parallèlement, les offres de coaching de soutien ou de confiance se déploient pour maintenir la motivation et le bien-être des salariés. L’année 2023 se projette sur la refonte des systèmes RH pour assurer une meilleure connaissance et un meilleur suivi des talents. La recherche de talents hybrides, à l’aise à la fois dans la tech et le business se renforce.
L’IA s’invite dans les réflexions côté clients et consultants
- De nouveaux interlocuteurs data dans l’entreprise
Le digital et la data ne sont plus les domaines réservés à la DSI, mais sont désormais infusés dans toutes les fonctions et stratégies des entreprises. Les sociétés du conseil et des études se sont organisées l’an dernier pour s’adapter à ces nouveaux interlocuteurs. Elles ont notamment transformé leur organisation pour imbriquer plus étroitement expertises sectorielles et digitales. Une large place a été faite aux offres autour de la transformation des organisations et à la mise en place de solutions pour digitaliser leur fonctionnement (Cloud, Cyber, SAP, etc.). Des offres d’analyse se déploient parallèlement pour accompagner les clients dans l’exploitation et l’utilisation de leur data, qui reste un sujet prégnant. À ce jeu, les sociétés du conseil et des études ont un avantage sur les start-up technologiques, avec une très bonne compréhension sectorielle. Les alliances paraissent donc assez naturelles entre ces acteurs. Enfin, la transformation digitale des business models est perçue comme une suite naturelle des missions dans le domaine de la data. Les prévisions 2023 prévoient une augmentation du pourcentage d’offres liées au digital (39 % vs 37 % en 2022), à la data (21 % vs 18 %) et à l’IA (4 % vs 1,7 %).
- L’IA : une révolution à venir
Les sociétés de conseil et des études ont bien conscience que l’IA peut les aider dans la collecte de données, la segmentation, le ciblage, le recrutement. Pour autant, l’humain reste indispensable et c’est sur ce créneau que ces acteurs se positionnent avec le plus de valeur ajoutée. Même si de nombreux obstacles freinent encore l’arrivée dans les entreprises des IA génératives, telles que ChatGPT (fiabilité, protection des données…), les sociétés du conseil et des études anticipent d’ores et déjà leur impact sur les métiers du droit, du développement informatique et de la finance. Un investissement est donc fait dans la formation, afin que les consultants puissent appréhender au mieux ces nouveaux outils et leurs futures applications chez leurs clients.
Gestion RH au sein des sociétés du conseil et des études : vers un retour au calme
La guerre du recrutement a battu son plein l’an dernier entre les cabinets de conseil et les clients qui recrutent aussi des consultants. Si les jeunes continuent de rejoindre les métiers du conseil, la situation se tend sur le middle management. 2023 devrait être marquée par un retour au calme, avec une inflation salariale qui s’annonce contenue, en raison d’une perspective économique plus incertaine. Les perspectives de recrutement s’annoncent ainsi de 28 % pour le conseil en stratégie et management (majoritairement des jeunes diplômés 70 %), 1 % pour les études et 7 % pour le recrutement.
« L’année 2022 et le début de l’année 2023 n’ont pas fait exception aux précédentes : nous vivons un moment de recompositions majeures, sous l’effet conjugué de mouvements de fond géopolitiques, sociétaux et technologiques, qui accélèrent le rythme des transformations. Dans ce contexte, notre profession de conseil opère ses propres transformations, et même en accélère la cadence, afin de contribuer de manière décisive à la transformation responsable des entreprises et de la Société » Matthieu Courtecuisse, Président de Syntec Conseil.