Étude Syntec Conseil : Les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur à l’épreuve de la crise sanitaire
Menée fin décembre 2020, cette enquête pointe une entrée dans la vie active bouleversée par la crise, marquée par un recul des embauches, des disparités de genre significatives et un sentiment de frustration. Face à ces constats Syntec Conseil met en exergue la nécessité de maintenir les aides du gouvernement pour l’insertion des jeunes et d’intensifier les mesures de soutien en faveur de la reprise économique en France. L’organisation professionnelle encourage les entreprises à investir maintenant pour saisir l’opportunité de ces talents disponibles.
Méthodologie : étude réalisée par Syntec Conseil à partir d’un échantillon de 750 jeunes ayant reçu leur diplômes Bac+5 dans l’année 2020, interrogés dans la dernière semaine de décembre 2020 sur les réseaux sociaux avec le concours de la société Episto.
Une dynamique de l’emploi affaiblie
- Un recul des embauches
Fin décembre, près de 55% des diplômés Bac+5 2020 ont trouvé un emploi dans le contexte de crise sanitaire et économique. Avec un taux d’embauche avoisinant 60% pour les sortants d’écoles d’ingénieurs et de masters universitaires scientifiques, les diplômés issus des filières scientifiques ont été moins défavorisés que ceux d’écoles de commerce et masters universitaires en éco-gestion/Sciences po/Droit/SHS/Lettres-langues dont l’insertion n’a pas dépassé 50%.
Toutefois, ces chiffres restent très en deçà de ceux affichés avant la crise : 74% d’insertion à 6 mois pour les Bac +5 et 88% d’insertion pour les diplômés de grandes écoles.
L’étude signale, en outre, des disparités significatives entre femmes et hommes au bénéfice de ces derniers, dont le taux de recrutement se situe autour de 60% contre un taux avoisinant les 50 % pour les femmes.
- Des conditions moins favorables
Les contrats d’embauche obtenus par les jeunes diplômés ayant trouvé un emploi sont globalement moins stables en cette période de crise. Seuls 50% des diplômés ayant trouvé un emploi ont été embauchés en CDI contre 69% en temps normal. Les diplômés de grandes écoles (écoles de commerces ou écoles d’ingénieurs) jouissent proportionnellement d’une plus grande stabilité avec un taux de CDI supérieur à 70%. Les sortants de filières en apprentissage (toutes formations confondues) tirent également leur épingle du jeu avec un taux de CDI qui avoisine les 70%.
Par ailleurs, il semble que les femmes souffrent davantage du contexte, la proportion de celles ayant décroché un CDI étant de 10 points inférieure à celle des hommes (44% de femmes ont décroché un CDI contre 56% d’hommes).
Une génération contrainte à s’adapter
- Des compromis à tous les niveaux
Même si un certain nombre de jeunes diplômés ont trouvé satisfaction par rapport au salaire d’embauche espéré, une part significative d’entre eux ont dû accepter un salaire inférieur à leurs attentes. Ce compromis sur le salaire d’embauche est particulièrement marqué chez les diplômés qui visaient une rémunération comprise entre 2x et 3x le SMIC (entre 38K€ et 56K€).
Outre le salaire, le sentiment de devoir faire des compromis par rapport à ses aspirations est prégnant aussi bien sur la fonction, que le secteur ou la localisation géographique. En effet parmi les diplômés Bac+5 qui visaient un premier emploi à l’étranger, plus des 2/3 se sont rabattus sur la France pour décrocher un job dans le contexte de crise durant l’année 2020. Ces jeunes pourraient souhaiter tenter à nouveau leur chance à l’étranger lorsque la situation sanitaire sera stabilisée.
- Une concurrence accrue
Parmi les 46% de diplômés 2020 qui n’ont pas encore trouvé d’emploi, la majorité témoigne d’un parcours de recherche particulièrement ardu jugé plus difficile que pour les promotions précédentes. En effet les opportunités de décrocher des entretiens sont rares. Les diplômés 2020 ont transmis en moyenne 63 candidatures et ont eu l’occasion de passer 3 processus de recrutement.
Face aux gels des recrutements, ceux qui n’ont pas trouvé d’emploi tentent désormais leur chance autant via les réponses à une offre d’emploi que via les candidatures spontanées.
Préparer la sortie du confinement
Face à ces constats, le risque est notamment que la tendance ne se prolonge et installe une « génération coronavirus » sur le marché de l’emploi.
Le secteur du conseil, vers lequel se tournent chaque année de très nombreux diplômés Bac+5 à l’issue de leurs études, constitue un vecteur majeur d’intégration professionnelle pour ces générations talentueuses, et joue un rôle moteur dans le développement de leur employabilité.
Afin d’éviter le sacrifice d’une génération, Matthieu Courtecuisse, Président de Syntec Conseil, affirme la nécessité de prolonger les dispositifs d’aide aux jeunes.
« La situation appelle à faire des efforts pour accompagner l’entrée dans la vie active de ces diplômés qui ont vocation à occuper des emplois très qualifiés. Nous verrons si la prime à l’embauche des jeunes est poursuivie après la fin janvier, et si cela suffit. Cette prime est essentielle, car à partir de mars il y aura une rivalité entre les diplômés 2020 qui cherchent un emploi et les jeunes qui cherchent un stage de fin d’études, lesquels sont évidemment moins chers. »
Par ailleurs, si la concurrence à l’international s’est temporairement gelée, il convient toutefois de rester attentif à son évolution. En effet si les opportunités post-crise y étaient plus importantes qu’en France, près de 60% des diplômés Bac+5 qui n’ont pas encore trouvé d’emploi tenteraient leur chance à l’étranger (16% par vocation et 44% pour accélérer leur entrée dans la vie active).
« Nous avons eu en 2020, et nous avons encore en 2021, une opportunité rare : celle de capter et fixer en France ces jeunes ultra qualifiés. Il faut que les entreprises fassent des efforts pour les garder car si on ne les embauche pas, l’an prochain, une fois la crise passée, ils ne seront plus là. » souligne à cet égard Matthieu Courtecuisse.